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Alain Beauvilain : Toumaï, l'aventure humaine. Editions de la
Table Ronde, Paris, 13 mars 2003, 239 pages, 23 photographies.
ISBN 2-7103-2592-6.
Prix 2003 de l'Académie des Sciences d'Outre-Mer
(prix Robert Delavignette).
Hommage de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de
Rouen,
Prix littéraire de la Ville d'Yvetot.
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Le Figaro
- Nodé-Langlois Fabrice : "La vraie histoire de Toumaï". Paris,
11 mars 2003, p. 26.
DOCUMENT Le 19 juillet 2001, un Français et trois Tchadiens découvrent
notre plus vieil ancêtre.
En exclusivité, extraits et photos de leur récit
Le crâne de Toumaï, vieux de plus de 6 millions d'années, tel
qu'il était lors de sa découverte,
et jamais présenté au public, coiffé d'une croûte de grès noirci
par le manganèse.
(Photo Alain Beauvilain, droits réservés)
La vraie histoire de Toumaï
Fabrice Nodé-Langlois
Il y avait Lucy, notre grand-mère à tous. Il y a aujourd'hui Toumaï.
Son crâne fossilisé complet, vieux de plus de 6 millions d'années,
a fait en juillet dernier la une de la revue scientifique britannique
de référence, Nature, mais aussi des médias du monde entier. Un
nouveau candidat au titre de plus vieil ancêtre de l'homme venait
d'être baptisé. Le nom scientifique de cette nouvelle espèce découverte
un an plus tôt: Sahelanthropus tchadensis, en référence à ces
hominidés qui vivaient, 3 millions d'années avant Lucy, dans le
désert du Tchad, à 2 500 km à l'ouest de la vallée du Rift, considérée
jusqu'alors comme le berceau de l'humanité.
Le papa scientifique de Toumaï est un Français, Michel Brunet.
Le sourire de ce barbu de l'université de Poitiers s'est aussi
affiché l'été dernier dans la presse mondiale. Pour ce paléontologue,
déjà découvreur en 1995 de la mâchoire d'Abel, premier australopithèque
mis au jour en Afrique de l'Ouest, Toumaï consacre une carrière
menée avec ténacité et persévérance des vallées afghanes jusqu'au
Cameroun. Pour le public, mais aussi nombre de journalistes, pas
de doute, c'est le vaillant poitevin qui a découvert le crâne
de Toumaï.
Les lecteurs du Figaro savent que la réalité historique est autre
(1). C'est le volet humain de cette aventure que raconte l'ouvrage
publié après-demain par les éditions La Table Ronde (2). L'auteur
n'est pas Michel Brunet, mais l'un des acteurs de la découverte
sur le terrain, Alain Beauvilain.
Ce 19 juillet 2001, lorsque le crâne sombre de l'hominidé fut
aperçu dans les grès du Djourab, Michel Brunet, chef de la mission
franco-tchadienne de paléontologie, était à Poitiers. Ce jour-là,
dans la fournaise du Sahara, l'expédition de prospection de sites
fossilifères, réduite au minimum, ne rassemble que deux voitures
et quatre hommes: trois Tchadiens, Ahounta Djimdoumalbaye, Fanoné
Gongdibé, Mahamat Adoum, et un Français, Alain Beauvilain. C'est
le jeune Ahounta, licencié de l'université de N'Djamena, spécialiste
du tri de dents fossiles minuscules, qui a trouvé Toumaï.
Michel Brunet, à plusieurs reprises, a qualifié Ahounta de «meilleur
chasseur de fossiles de l'équipe». Malgré cette reconnaissance,
lui et surtout ses trois compagnons seront largement occultés
du dossier de presse de présentation de la découverte, diffusé
en juillet 2002. Et, plus largement, presque gommés de l'histoire.
Alain Beauvilain, géographe, auteur d'une thèse sur le nord du
Cameroun, est de ces coopérants qui ont l'Afrique dans la peau.
Après avoir enseigné à l'université de Yaoundé de 1978 à 1989,
il a été en poste à N'Djamena. Il est tombé amoureux du désert
tchadien, si longtemps interdit à la science par la guerre et
les mines, et y a organisé vingt-huit expéditions, de prospection
de fossiles pour la plupart.
La première partie de Toumaï, l'aventure humaine nous plonge dans
le Djourab brûlant, ce 19 juillet 2001. Avec simplicité, le géographe
raconte l'émotion de la première rencontre avec l'Ancêtre. Il
détaille aussi comment lui et ses camarades emballent les fossiles
dans du papier hygiénique, ou recyclent les bouteilles d'eau minérale
pour protéger les plus petits échantillons, comment les véhicules
s'ensablent, ou s'embourbent lorsque la pluie, aussi rare que
violente, inonde le Sahara. Alain Beauvilain remonte ensuite à
la genèse de la découverte, et rappelle dans quelles circonstances
il a invité, en janvier 1992, Michel Brunet, qui chassait le dinosaure
au Cameroun, à donner une conférence à N'Djamena. En janvier 1994,
le paléontologue de Poitiers effectuait sa première expédition
dans le désert tchadien. Le nord du pays est dépeint par l'auteur
comme un patrimoine naturel et humain aussi méconnu que fascinant,
avec ses cratères volcaniques géants et ses peintures rupestres
uniques.
La deuxième partie de l'ouvrage est moins exaltante. Elle montre
cependant à quel point une découverte de l'envergure de celle
de Toumaï est le fruit de la patience et de la persévérance, et
combien l'homme doit rester humble face au désert. En géographe,
Beauvilain explique comment le vent et le sable dévoilent et recouvrent
les strates fossilifères, et comment il a appris à lire progressivement
ce Djourab qu'il aime tant. L'ancien «assistant technique» des
missions franco-tchadiennes de paléontologie se garde bien de
trancher dans le débat de spécialistes qui s'interrogent sur l'identité
de Toumaï: ancêtre de l'homme ou guenon ancêtre des gorilles?
Cette controverse est juste effleurée.
Dans les mois qui suivent la découverte de Toumaï, l'ambiance
sur le terrain va se gâter. Lors du premier retour sur le site
«TM266», en octobre 2001, deux chercheurs de Poitiers sont venus
s'ajouter au quatuor des découvreurs. Un jour, alors qu'ils passent
le champ fossilifère au peigne fin, Beauvilain fait remarquer
à l'un de ces scientifiques venus de France qu'il est passé au
milieu de dents d'un grand herbivore, le déinothère, sans les
voir. «Si tu savais ce qu'on raconte sur ton dos, tu ferais comme
moi: passer sans voir. Laisse les paléontologues trouver les fossiles»,
lui dit-on. Tout est là. Le géographe, qualifié de «préposé» dans
un courrier de Michel Brunet, narre ensuite les péripéties qui
ont précédé l'annonce médiatique de l'été dernier. Pour finir
sur une note amère: «Je quitte, en famille, le Tchad le 31 décembre 2002, après avoir
travaillé vingt-quatre ans en Afrique centrale. Le professeur
Michel Brunet arrive à N'Djamena le 5 janvier 2003. Ce sera sa
septième mission dans le désert. Une photographe le rejoint le
12. Munis d'une copie de Toumaï, ils partent le 14 pour découvrir
TM266...» |
- Nodé-Langlois Fabrice : "Passions autour d'un crâne". Paris, 11 mars 2003, p. 26.
AFP.
- 18 septembre 2003. "Querelle de paternité autour du "doyen de l'humanité", Toumaï Paris.
Conflits actuels (Revue de sciences politiques)
- "TOUMAÏ , l’aventure humaine"
Géochroniques
Bulletin de la Société Géologique de France et du Bureau de Recherches
Géologiques et Minières, juin 2004.
Toumaï, l’aventure humaine.
Cette aventure, c’est avant tout celle de l’auteur, géographe
travaillant en Afrique depuis trente ans, et qui a beaucoup œuvré
pour la promotion des sciences naturelles au Tchad. Une grande
partie de ce livre est consacrée à ses missions sur le terrain
dans le milieu hostile du désert tchadien, confronté aux températures
extrêmes, à la difficulté des déplacements, aux tempêtes de sable,
aux défaillances du matériel. Malgré tous ces obstacles, la grande
satisfaction que procure la découverte est souvent au rendez-vous,
et Alain Beauvilain sait en parler sans emphase inutile.
Si l’aventure se termine plutôt mal pour l’auteur, ce n’est pas
à cause d’un environnement inhospitalier, mais bien du fait de
la nature humaine dans certains de ses aspects peu attrayants.
Lorsque les recherches paléontologiques prennent leur essor au
Tchad dans les années 1990 et Alain Beauvilain a bien contribué
à cet essor notre géographe constate que la cohabitation avec
certains paléontologues venus de France ne sera pas aussi aisée
qu’elle le fut avec des géologues, lorsqu’il s’agissait d’explorer
les volcans du Tibesti ou les cratères météoritiques perdus au
milieu du désert. Lorsque les enjeux scientifiques montent avec
la découverte de reste d’hominidés, l’atmosphère de travail se
dégrade, alors que se font jour les abus de pouvoir, la discourtoisie,
la manie du secret. Le 19 juillet 2001, lors d’une mission sur
le terrain avec trois Tchadiens, l’un d’entre eux, Ahounta Djimdoumalbaye,
étudiant en sciences naturelles, découvre le crâne bien conservé
d’un archaïque hominidé, qui deviendra mondialement connu sous
le nom de Toumaï (puisqu’une mode discutable veut qu’on donne
des surnoms aux spécimens paléontologiques), et qui sera présenté
comme le plus ancien représentant connu de la lignée humaine (même
si d’autres interprétations ont été proposées). Les choses alors
tournent vraiment mal, car en somme le crâne n’a pas été trouvé
par les « bonnes » personnes. En quelque sorte le scénario de
la découverte n’est pas celui qui était souhaité dans certains
cercles de la paléontologie française. Alain Beauvilain découvre
alors les aspects un peu sordides du petit monde de la paléoanthropologie
: il lui faudra subir vexations, pressions administratives (voire
politiques), réécriture de l’histoire, le tout sur un fond de
soif de pouvoir et de gloriole médiatique. Chacun sait que les
scientifiques ne sont pas plus des saints que les autres hommes,
mais ce récit laisse indiscutablement un sentiment de malaise.
Certains regretteront peut-être qu’Alain Beauvilain n’ait pas
jeté un voile pudique sur une affaire qui manque vraiment d’élégance,
mais il n’est pas inutile d’étaler au grand jour de tels comportements,
connus du milieu scientifique, mais souvent ignorés du public.
Et si d’aucuns se sentent critiqués à tort, rien ne leur interdit
de présenter leur propre version des faits.
La presse nous apprend que des tentatives ont été faites pour
que ce livre, qui décidément dérange, soit retiré de la vente.
Hâtez-vous donc de le lire, il est édifiant.
E. Buffetaut
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HISTORIENS ET GEOGRAPHES, 2004, n° 386.
Alain Beauvilain, géographe, docteur es-lettres et maître de conférences
à Paris X-Nanterre, a séjourné vingt-quatre ans en Afrique centrale,
où il a mené ses travaux de thèse et enseigné de nombreuses années
à l’Université de Yaoundé. Au lendemain des troubles dans le Nord
du Tchad et de l’affaire Claustre, il a participé aux côtés de
chercheurs locaux et d’enseignants français en mission, au repérage
et à l’étude des gîtes fossilifères révélés par l’érosion dans
les sédiments anciens de la cuvette tchadienne jusqu’à la découverte
de ‘‘l’homme de Toumaï’’ à l’origine de ce livre. Conçu comme
un récit détaillant, presque au jour le jour, la patiente recherche
des gisements et la collecte des pièces les plus intéressantes
sans rien nous masquer des difficultés de la tâche en milieu désertique,
l’ouvrage nous mène ainsi patiemment d’une campagne à l’autre
jusqu’à l’événement qui devait, en juillet 2001, récompenser cette
quête collective : la mise au jour d’un crâne complet d’australopithèque,
Sahelanthropus tchadensis, à l’ouest du grand Rift africain !
L’ouvrage, abondamment illustré, se développe en quatre parties.
La première, une cinquantaine de pages, relate ‘‘ la découverte
de l’homme de Toumaï ’’, insiste sur les circonstances de celle-ci
et rappelle les menues trouvailles qui l’ont préparée depuis la
révélation en janvier 1995 d’ ‘‘ Abel ’’, Australopithecus barhelghazali, dans le nord du pays, un bon quart de siècle après la mise au
jour en 1961, par Yves Coppens, du ‘‘ Tchadanthrope ’’. Vient
ensuite un chapître un peu plus étoffé sur la ‘‘genèse des recherches’’,
occasion d’évoquer la lente progression de celles-ci et les efforts
d’accompagnement menés en parallèle dans la capitale pour ‘‘ valoriser
le savoir acquis et le restituer aux autorités et à la population
tchadienne ’’ (p. 60 à 149). C’est ensuite, en troisième partie,
‘‘ la recherche des parents ’’, soit un nouvel examen, plus approfondi,
du site de la découverte en quête d’autres témoignages d’une présence
humaine et de ‘‘ marqueurs biogéochronologiques ’’ en nombre satisfaisant
avec, en conclusion, quelques éléments d’interprétation proposés
par l’auteur qui, on doit s’en souvenir, n’est pas un spécialiste
de paléontologie.
Et l’ouvrage s’achève sur une cinquantaine de pages où sont évoquées
les retombées immédiates de l’événement, sur le plan local et
international, ainsi que les efforts de l’équipe des inventeurs
pour éviter de se trouver proprement spoliée de la propriété de
sa découverte. Car l’histoire devient, à partir de là, assez rocambolesque
et, face à un risque évident de captation de notoriété, on comprend
mieux les raisons de la description minutieuse des campagnes de
fouilles successives qui fait la matière du livre. Le but est
de témoigner, en effet, aux yeux du monde, de la qualité de l’effort
fourni et du rôle tenu dans la découverte du fossile d’hominidé
‘‘ le plus ancien ’’ par une équipe soudée de chercheurs obstinés
ruinant ainsi, de l’aveu même d’Yves Coppens, le scénario de l’‘‘
East Side Story ’’ qu’il avait pu échafauder sur la foi des nombreux
fossiles humains jusque là découverts en Afrique de l’est.
Jean-Claude MAILLARD
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Journal des Africanistes
- Roger Joussaume. "Toumaï, l'aventure humaine". Vol. 73-1, 203 : 167-194
Libération :
- Briet Sylvie : "Prise de tête autour de Toumaï. Querelle de scientifiques autour
de la découverte de notre vieil ancêtre". Paris, samedi 20 septembre 2003
Notre Histoire :
- Toumaï, l'aventure humaine. Paris, n° 210, mai 2003, pp. 5.
Pour la Science :
- "Toumaï, l'aventure humaine". Paris, n° , février 2004, p. 102.
Radio France. La radio du livre.
- Toumaï. Dédicace du 18 mars 2003.
Révolution (Journal en ligne)
- "TOUMAÏ , l’aventure humaine"
Sciences et avenir :
- Fléaux Rachel : "Grandeurs et bassesses d'une découverte". Paris, n° 677, pp. 95-96.
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