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Parmi les nombreux résultats des recherches paléontologiques menées
dans la cuvette du Djourab il faut souligner la mise en évidence
de dépôts éoliens fossiles. Ces dépôts affleurent sur plusieurs
milliers de km2 ou sont à peine cachés par une mince épaisseur
de sable. Après le balayage de ce sable, le sol pourtant bien
plan apparaît strié. En quelques heures le vent met en évidence
avec une grande finesse la différence de dureté des différentes
couches de ces dépôts. La surface apparaît alors feuilletée tel
un ‘mille-feuilles’.
'mille-feuilles' à TM 291 (cliché Alain Beauvilain)
Les orientations de ces mille feuilles sont fortement contrastées,
les mille feuilles s’imbriquant les uns dans les autres. Ces zones
sont particulièrement riches en fossiles.
Comment expliquer la genèse de ces structures ?
"Une dune n'est pas un simple tas de sable sans structure interne.
Sur le versant en pente douce, les jours de grand vent, les grains
de sable de toutes tailles peuvent monter en roulant et, seulement
dans ces circonstances-là, les plus gros. Ils retombent sur le
versant en pente raide, à l'abri du vent, où ils vont constituer
une couche qui se révèlera plus dure que les autres. Les jours
de vent modéré, poussière, grains petits et moyens sont mis en
mouvement et formeront une couche sans gros grains, plus tendre.
Les jours de petit vent ….
Il en est ainsi aujourd’hui ; il en a été de même dans le passé.
Ces 'mille-feuilles' apparaissent lorsqu’une coupe tronque les
anciennes structures des dunes et permet à l’érosion éolienne
de mettre en valeur les différences de résistance des couches,
pour peu que ces anciennes dunes aient été mises à l'abri de l'érosion
éolienne ou ... lacustre pendant des millions d’années.
dune fossile à TM 267 (cliché Alain Beauvilain)
A TM 266 et tout autour, les témoignages fossilisés de formations
dunaires sont nombreux et s’ajoutent à ceux que nous avions déjà
notés sur plusieurs dizaines de kilomètres au cours des missions
antérieures. Ces surfaces ont presque toujours livré de nombreux
fossiles.
Ici et là, des placages argileux marquent le prolongement de bancs
d’argile, observables plus loin. Ils caractérisent la présence
d’anciens lacs. L’épaisseur de l’argile, dans laquelle se rencontrent
de nombreux fossiles de poissons, donne une idée de la profondeur
que des lacs ont pu atteindre à cet endroit. Les fossiles de mammifères
marquent la limite de ces anciens lacs. Les hippopotames se trouveront
davantage dans le lac alors que les hipparions, les gazelles,
les rhinocéros blancs seront dans la savane, ou dans la prairie,
au-delà de la zone amphibie, domaine de la forêt-galerie, des
suidés, des anthracothères, des proboscidiens" (Alain Beauvilain, Toumaï, l’aventure humaine, La Table Ronde,
Paris, 2003, p. 155).
Ces dépôts obliques constitués de sable clair, propre, peu cimenté,
aux grains de quartz arrondis, bien triés, sont dépourvus de trace
de vie. Ils sont caractéristiques de formations dunaires désertiques.
La rose des vents enrigistrés par le dépôt de ces sables indique
une orientation moyenne de 234° N, soit une orientation comparable
à l'harmattan actuel.
Nature, 2002, Vol. 418, page 153, repris dans Science, 2006, Vol. 311, p. 821
Les fossiles présents indiquent que ces formations ont entre 6
et 7 millions d’années. Les fossiles de Sahélanthropes de TM 266
et TM 292 ont été mis au jour à proximité de ces témoignages de
Sahara ancien.
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