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Querelle de paternité autour du "doyen de l'humanité", Toumaï

PARIS, 18 septembre 2003 - 19h49 - Le plus ancien hominidé connu à ce jour, Toumaï, dont le crâne a été trouvé en juillet 2001 dans le désert tchadien, se retrouve au sein d'une querelle de paternité, suite à la demande du professeur français Michel Brunet, son découvreur "officiel", de retirer de la vente un livre sur la découverte de cet important fossile, a-t-on appris jeudi auprès des Editions de la Table Ronde.
Dans ce livre, paru en mars 2003 sous le titre "Toumaï, l'aventure humaine", le géographe Alain Beauvilain, maître de conférences à Université Paris-X et qui fut à l'époque coordinateur sur place de la mission paléontologique franco-tchadienne (MPFT), décrit dans le détail la mise au jour de ce fossile. Il en revendique la paternité, en compagnie de trois Tchadiens.

Directeur de la MPFT et professeur à l'Université de Poitiers, Michel Brunet, qui se trouvait au moment de la découverte en France, vient de demander à l'éditeur, par lettre recommandée de son avocat, de retirer sous huitaine cet ouvrage de la vente.

La lettre ne conteste pas le texte de l'ouvrage, précise l'éditeur, mais fait référence à une convention conclue entre les organismes scientifiques français et tchadiens concernés, interdisant l'utilisation de photos liées à cette découverte sans autorisation explicite.

Selon l'éditeur, cette démarche "ne peut avoir pour objet que de soustraire à l'opinion publique la preuve qu"'Alain Beauvilain et ses trois collaborateurs tchadiens sont à l'origine de cette découverte, contrairement aux allégations répandues dans les médias".

Cette querelle éclate au moment où le président tchadien Idriss Deby, en visite officielle en France, doit se rendre à l'Université de Poitiers (centre-ouest) où se trouve le crâne de Toumaï. M. Deby s'est intéressé de près à la découverte de cet hominidé de 6 ou 7 millions d'années, Sahelanthropus tchadensis, considéré comme "doyen" tchadien de toute l'humanité.