Le Tchad, berceau de lhumanité ?
Il y a plus de vingt ans, lorsque après avoir fouillé au Pakistan
et en Afghanistan, Michel Brunet a décidé de «partir à louest», ses confrères qui participaient à la ruée vers los en Afrique
de lEst le considéraient avec scepticisme. Les fouilles asiatiques
navaient pas permis de trouver de très vieil hominidé. Au Tchad,
Yves Coppens lui-même, venu dans le sillage dhydrogéologues,
avait trouvé en 1959, un reste dhominidé quil a baptisé le tchadenthrope.
Mais le fossile semble navoir au plus que quelques centaines
de milliers dannées. La présence dhominidés au Tchad vieux de
plusieurs millions dannées semblait impossible aux tenants de
lEast Side Story qui accumulaient les découvertes en Afrique
de lEst. Mais «labsence de preuve nest pas la preuve de labsence», aime rappeler Michel Brunet.
La guerre, dans les années 80, a empêché le paléontologue de Poitiers
dexplorer les vastes terrains sédimentaires du désert autrefois
recouvert par le «Méga lac Tchad». Lorsquil a finalement décroché un permis de recherche en 1993,
aidé par Alain Beauvilain, coopérant français à NDjaména, sa
persévérance a été récompensée. En 1995, il mettait au jour la
mâchoire dAbel, un australopithèque vieux de 3,5 millions dannées.
Et voici venu Toumaï, plus de 6 millions dannées, la consécration
pour le paléontologue de 62 ans.
Est-ce au Tchad que lhomme et le singe ont suivi un rameau différent
dans larbre de lévolution ? La rareté des fossiles ne permet
pas de le dire. Des recherches, pourquoi pas dans dautres pays
du Sahel, pourraient créer de nouvelles surprises, à condition
dy trouver les bonnes couches géologiques affleurantes.
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