JEUDI 11 JUILLET 2002
(N° 18 015)
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Le Tchad, berceau de l’humanité ?

Il y a plus de vingt ans, lorsque après avoir fouillé au Pakistan et en Afghanistan, Michel Brunet a décidé de «partir à l’ouest», ses confrères qui participaient à la ruée vers l’os en Afrique de l’Est le considéraient avec scepticisme. Les fouilles asiatiques n’avaient pas permis de trouver de très vieil hominidé. Au Tchad, Yves Coppens lui-même, venu dans le sillage d’hydrogéologues, avait trouvé en 1959, un reste d’hominidé qu’il a baptisé le tchadenthrope. Mais le fossile semble n’avoir au plus que quelques centaines de milliers d’années. La présence d’hominidés au Tchad vieux de plusieurs millions d’années semblait impossible aux tenants de l’East Side Story qui accumulaient les découvertes en Afrique de l’Est. Mais «l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence», aime rappeler Michel Brunet.
La guerre, dans les années 80, a empêché le paléontologue de Poitiers d’explorer les vastes terrains sédimentaires du désert autrefois recouvert par le «Méga lac Tchad». Lorsqu’il a finalement décroché un permis de recherche en 1993, aidé par Alain Beauvilain, coopérant français à N’Djaména, sa persévérance a été récompensée. En 1995, il mettait au jour la mâchoire d’Abel, un australopithèque vieux de 3,5 millions d’années. Et voici venu Toumaï, plus de 6 millions d’années, la consécration pour le paléontologue de 62 ans.
Est-ce au Tchad que l’homme et le singe ont suivi un rameau différent dans l’arbre de l’évolution ? La rareté des fossiles ne permet pas de le dire. Des recherches, pourquoi pas dans d’autres pays du Sahel, pourraient créer de nouvelles surprises, à condition d’y trouver les bonnes couches géologiques affleurantes.